Des Mondes Imaginaires

Des Mondes Imaginaires

Un monde pour Clara, de Jean-Luc Marcastel, chez Black Moon

 

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Mr Jean-Luc Marcastel

 

Blog de Jean-Luc Marcastel : ICI

 

L'histoire :

 

2027. En France. Après une catastrophe nucléaire succédant à tant d’autres, l’écologie est plus que jamais au centre des préoccupations. Les Enfants de Gaïa est une puissante secte extrémiste qui mêle discours écologiste et spiritualité. Diane, dont la jumelle Clara est morte suite à cette catastrophe, participe, avec son meilleur ami Léo, à l’une de leurs manifestations anti-nucléaire. Mais la marche pacifique tourne au combat de rue, et Diane, grièvement blessée, tombe dans le coma. Dix ans plus tard, la jeune fille se réveille. Pendant son sommeil, le monde s’est transformé. Les Enfants de Gaïa sont à la tête du pays. Ils sont tout puissants. Et ils ont fait de Néo Lutécia, construite sur les ruines de Paris, la cité écologique idéale. Diane y retrouve Léo, désormais lieutenant de la secte. Elle apprend qu’elle est devenue l’icône de la Révolution Verte, une incarnation vivante de Gaïa aux yeux de ses fidèles et découvre un nouveau monde bien loin de celui dont Léo et elle avaient rêvé…

 

Ma chronique :

 

« Pour faire court, Un monde pour Clara est une sorte de coup de gueule, une réaction personnelle à une dérive que je juge inquiétante. Voici quelques années, mon fils Louis, alors âgé de 5 ans, est revenu de l’école en pleurs. Quand je lui ai demandé la raison de son émoi, il a éclaté en sanglots : « C’est de notre faute, parce qu’on est méchant, que les ours blancs disparaissent. »

Bouleversé par ses larmes, je lui ai alors demandé s’il avait déjà tué beaucoup d’ours polaires, à quoi il m’a répondu « Non. J’en ai vu qu’à la télé ». Je lui ai alors confié que moi non plus, je n’en avais tué aucun et que je ne me sentais pas coupable de leur disparition, pas plus que je ne me reprochais de vivre même si je dégageais du CO2 à chacune de mes respirations. »

« Un Monde pour Clara n’est pas un roman sur l’écologie, mais sur la dictature. Les gens croient toujours qu’ils verront venir la prochaine dictature, que depuis le temps qu’on leur montre des bottes cirées, des uniformes noirs et des drapeaux rouges et blancs agressifs frappés d’un succédané de croix gammée, ils la reconnaîtront de loin… Ils se trompent. Les pires des dictatures se présentent toujours sous des dehors souriants, avec des « bonnes idées » pour sauver : la République, la Nature, les travailleurs, les ours polaires, les pingouins, le peuple untel, la race machin, la nation truc… (Mettez-y ce que vous voulez je ne sais pas faire les bouquets…). Les pires des dictateurs prétendent toujours agir pour le bien commun et il se trouve malheureusement toujours des gens pour les croire et les suivre…
En prenant l’écologie comme moteur de cette dictature, je voulais justement user du capital sympathie que suscite ce « prêt à penser » qui s’impose actuellement, pour dénoncer le danger d’un nouveau régime qui s’appuierait sur ce dénigrement de l’homme et de la science pour monter au pouvoir. Je voulais montrer que les meilleures des causes pouvaient servir les desseins les plus inavouables si elles tombent entre de mauvaises mains et devenir un effroyable instrument de pouvoir. » Jean-Luc Marcastel, lors d'une interview pour ActuSF ( voir l'interview complète ICI) - Tout est dit dans cet extrait d'interview!

 

Enfin!

Voilà enfin un roman d'un auteur français chez Black Moon! Et de qualité de surcroît!

Un monde pour Clara est un écrit d'anticipation, une parfaite dystopie!

Lecteurs... Prenez-en de la graine! Semez, soignez, grandissez, récoltez... ce livre, bien au-delà d'une simple histoire contée, ouvrira votre esprit tel l'éclosion d'une pensée...

 

Diane, personnage central de l'histoire, est une jeune femme sortie du coma dix ans après une manifestation où elle a reçu une balle perdue. Mais la société a bien changé depuis. Elle est devenue l'icône d'un renouveau. La France, l'Europe... ne sont plus ce qu'on connaît. Le nucléaire a été banni, les villes ressemblent à un écrin de verdure où habitations et forêts se mêlent parfaitement, où la population a enfin pris conscience de ses actes sur notre environnement. L'idéal finalement... mais est-ce réellement un idéal?

Le personnage de Diane, incarnation vivante de Gaïa dans le roman, fascine. Elle rappelle Diane chasseresse dans la mythologie romaine. Bien qu'elle soit ,dans "Un monde pour Clara" ,mise sur un piédestal, le lecteur s'identifie facilement à elle. Diane n'est qu'une simple humaine, avec ses qualités et ses défauts, et elle en a conscience. On pourrait parfois se demander si elle ne souffre pas d'un dédoublement de la personnalité, rendant son personnage plus complexe, puisqu'elle se parle à elle-même, ou plutôt à sa sœur, Clara, morte après la catastrophe nucléaire de Gravelines (Nord de la France), qui apparaît sous la forme d'une petite conscience au fin fond de l'âme de notre héroïne. Diane et Clara ne font finalement plus qu'une, si bien que le lecteur peut s'identifier à l'une ou l'autre.

Diane la craintive, Clara la force de caractère.

Jusqu'au jour où Diane s'élève au rang d'adulte responsable... bouleversant le lecteur par un changement, la perte, le sentiment d'abandon... l'abandon de l'innocence, de la protection bienveillante de celle qui comptait le plus pour elle, pour devenir à son tour la protectrice... mais je ne veux vous en dévoiler plus... ouvrez "Un Monde pour Clara" et laissez-vous transporter...

Diane rencontre de nombreuses personnes sur son chemin, dont le géophile Ronsard. Ce dernier, bien que peu présent dans le roman, est nommé à plusieurs reprises et représente à lui seul un dictateur sous ses faux airs de politicien respectueux de l'environnement. Jean-Luc Marcastel a su amener la prise de conscience de Diane - et du lecteur par la même occasion - de la montée d'une dictature en dix ans incarnée par ce personnage. Ronsard, on ne le connaît pas vraiment, mais on le déteste déjà... Ce "Monde pour Clara" pourrait être synonyme de "dictature" et c'est en s'échappant de Néo Lutecia alias Paris, que Diane s'en rendra compte :  Les enfants de Gaïa n'est rien d'autre qu'un régime politique autoritaire, établi et maintenu par la violence, la manipulation, des lois ne respectant pas l'Homme, une censure sur tous les plans (école, presse, procréation, répression des opposants...)...

Léo, ami de Diane, fait partie de cette dictature. Au fil des pages, nous comprenons comment un être sensé a pu être aveuglé par l'espoir au point de commettre les pires crimes. Mr Marcastel voulait prouver qu'une dictature pouvait amorcer son enclin à l'aide des meilleures causes? Pari tenu! Et Léo en est la preuve incarnée. Ce "monsieur tout le monde", ce jeune désespéré par un monde qui s'essouffle, notre monde actuel... N'importe qui peut se reconnaître dans cette histoire. N'importe qui est susceptible de se faire berner. Mais nous ne pourrions blâmer qui que ce soit... les belles paroles, lorsqu'elles sont attendues depuis des lustres par une société déchirée, en souffrance, au mal être grandissant, sont écoutées, bues, acceptées, intégrées, et malheureusement, appliquées.

Je tenais à remercier Mr Marcastel. Oui. Vous remercier. Et vous féliciter! Aborder l'écologie, le respect de l'être humain, prévenir les dictatures sournoises, remettre au goût du jour les valeurs humaines bien souvent inexistantes ou en passe de le devenir, rappeler aux Hommes que l'évolution n'est pas si néfaste mais qu'elle devrait être mieux maîtrisée... tout cela transparaît dans votre roman. Les sujets abordés me touchent particulièrement et voir qu'il existe encore des personnes sur cette terre, capables de se poser les bonnes questions, d'avoir un regard sur la vie, de continuer de croire en l'Homme malgré ses excès et ses bassesses, cela me rassure.

La bonté humaine perdure, même dans une société déréglée et déshumanisée avec les Gendres, le docteur et Camille. L'auteur n'épargne aucun personnage et il vous arrivera de verser quelques larmes tellement ce roman est prenant émotionnellement. Car au delà de la bonté humaine, se reflète toute la décadence, la perversion de l'âme humaine. L'écœurement, l'indignation, la colère seront également des émotions ressenties lors de la lecture. Parce que l'être humain peut également être un véritable monstre. Et là oui, nous pourrions parler d'erreurs de la nature. Car au delà du roman, dans une réalité bien actuelle, nous les côtoyons déjà ces monstres, ces "erreurs de la nature" : les violeurs, les meurtriers... Sauf que dans notre monde, ils sont encore - si je puis dire - punis par la loi... Mais dans le livre, ils sont l'autorité. Car le pouvoir donne tous les droits. Tous.

 

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman. J'aime découvrir la nature profonde de l'Homme. Comprendre ce qui le pousse à agir - en bien comme en mal. Comprendre son évolution également. Car l'Homme est en perpétuelle évolution et réflexion sur la vie en général. Même si les pages de ce livre ont été tournées, bien que la lecture soit achevée, "Un Monde pour Clara" vous poussera indéniablement à entrer dans une profonde réflexion sur l'espèce humaine.

Le mot "fin" suivi d'un point d'interrogation nous laisse pensifs... Mr Marcastel... espérons que vous nous emmènerez bien vite vers la suite d' "Un Monde pour Clara". Ne nous laissez pas sur notre "fin" et poursuivez votre immersion dans l'âme humaine.

 

 



16/10/2013
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