Des Mondes Imaginaires

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L'histoire :

Deux trous dans votre gorge.

Une seule morsure.

Et c'est parti pour un combat de quatre-vingt huit jours,

le froid et la soif,

les sens s'aiguisent, la température corporelle chute.

Le besoin de sang devient très vite irrépressible.

Quelques gorgées de sang humain et la mutation a lieu.

Vous mourez.

Vous ressuscitez, encore plus glacé qu'avant.

Un froid complet et définitif.

Une seule destination dès lors : les Zones froides.

Des villes emmurées, placées en quarantaine,

où s'entassent et se mêlent personnes infectées, vampires

et humains, dans une débauche sanglante.

Seul problème : les portes des Zones froides ne s'ouvrent

que dans un sens, toute sortie est impossible.

DANS UN FUTUR PAS SI LOINTAIN, LA POPULATION VAMPIRE PULLULE.

LES AUTORITES SONT CONTRAINTES DE METTRE EN PLACE

DES ZONES DE QUARANTAINE APPELEES ZONES FROIDES

POUR TENTER DE JUGULER L'EPIDEMIE.

LA COUVERTURE :

Une couverture sombre, noire sur laquelle une petite flaque sanguinolente se déverse par le bas, attaquant subrepticement "Coldtown".

La beauté et la pâleur d'un visage. Une main blanche - grise - squelettique qui interpelle...

En clair, une couverture qui dégage une atmosphère froide, glauque, dérangeante et tranchante.

Est-elle infectée? Vampirisée?

S'agit-il de Tana, l'héroïne de l'histoire? 

Ma chronique :

Coldtown est un roman au thème récurrent : l'invasion des vampires dans notre univers quotidien.

Je ne suis pas une adepte du thème vampirique. Pourtant, j'ai baigné dedans très jeune avec la célèbre série "Buffy contre les Vampires" qui m'a donné un regain d'intérêt pour le fantastique. Je m'y intéresse toutefois et Coldtown a été une nouvelle expérience de lecture sur le sujet.

La question qui se pose est de savoir s'il s'agit d'un énième roman où se battent vampires et loups-garous, où une humaine tombe éperdument amoureuse d'un vampire adorable et végétarien, où le côté -mièvre- de Twilight ressortira...

(Je précise que j'ai lu - dévoré, je l'admets - les romans de Stephenie Meyer et malgré une vive critique générale actuelle, ils restent des romans attrayants mais traînant un peu sur la longueur; je peux donc me permettre une petite comparaison).

Et bien dans Coldtown, effectivement, nous aurons le droit à une histoire d'amour naissante que je ne dévoilerai pas. J'ai particulièrement apprécié la description faite par Holly Black pour dépeindre avec précision la scène d'un baiser sensuel, sanglant et mordant! Le pouvoir des mots est remarquable! Et Holly Black sait se servir des mots!

Cependant, Coldtown se démarque pour être un roman teinté d'hémoglobine! Les vampires sont dignes de leur réputation! Ils tuent, vident les humains de leur sang sans pudeur, sont irrésistiblement attirants et limites névrosés! Des références aux thèmes abordés dans Dracula de Bram Stoker? Je ne peux hélas pas effectuer de comparaisons, puisque possédant le roman mais n'ayant pas encore eu le temps de le lire... (J'entends déjà crier au scandale les fans de Dracula!)

Coldtown, ou zone/ville froide, raconte l'histoire de Tana, une jeune humaine. Elle participe à une fête qui a visiblement mal tourné. En se réveillant allongée dans une baignoire, elle découvre un spectacle effrayant qui aurait rendu n'importe qui complètement fou! Elle arrive à conserver son sang froid. S'ensuit une course effrénée avec Aidan, un de ses amis infecté par un suceur de sang, et un vampire énigmatique, Gavriel. Tous trois se rendent à Coldtown et font en chemin la connaissance de deux personnalités déjantées : Minuit et Hiver, partisans de la blogosphère et adorateurs des êtres aux dents longues.

Arrivés dans la cité emmurée, les protagonistes découvrent un nouvel univers. Des vampires adeptes aux téléréalités dignes de Loft Story et compagnie, une fuite effrénée de dangers imminents, des vampires divisés entre "vivre au grand jour" et "se cacher des humains"... des thèmes récurrents mais pourtant bien retravaillés par l'auteure.

J'ai particulièrement apprécié les descriptions, bien souvent sanglantes et décalées, où le vampire de Coldtown semble être tantôt un drogué dont la cocaïne serait un humain consentant, tantôt un showman de la téléréalité ou tantôt un être qui aurait basculé dans la folie sous les traits de Gavriel, le héros vampire de l'histoire... Finalement, le vampire de Coldtown ressemble un peu à nous, humains, petites créatures sensibles susceptibles de basculer à tout moment dans la décadence, la débauche et la folie.

Implicitement, l'auteure construit une critique de notre société au travers de Coldtown, micro société vampirique dystopique. Une manière détournée de balancer son point de vue sur le monde actuel! 

Elle reprend les thèmes de l'isolement des jeunes - ou moins jeunes - qui s'enferment dans l'illusion d'un monde au travers de moyens de communication utiles mais bien souvent mal employés comme l'internet avec ses blogs, ses réseaux sociaux... sources d'informations manipulables.

Du journaliste un peu mazo prêt à tout pour un scoop, quitte à finir au fond d'un cercueil.

De la télévision et de ses dérives comme la téléréalité où le luxe, la célébrité, le rayonnement d'un beau parleur, les passe droits... sont synonymes de fainéantise, argent facile, futilité, apparences trompeuses, mensonges, univers glauque et décadent...

Les personnages de l'histoire sont tour à tour attachants, bouleversants, intrigants, inquiétants, sensibles, courageux, fous... si bien qu'ils intéressent, perturbent et on ne sait finalement plus en qui faire vraiment confiance. Une angoisse continue est palpable lors de la lecture, angoisse agrémentée par ces caractères étonnants mis en abyme avec une intrigue bien ficelée à l'aide de flashbacks continus et de suspense.

Amateurs de romans vampiriques aux descriptions dégoulinantes d'hémoglobine, de débauche et à l'humour noir et acide... Coldtown est fait pour vous!

Je suis un peu restée sur ma "faim" et j'attends une suite éventuelle de Coldtown pour suivre l'avenir des personnages et de cette micro société où l'on arrive à confondre proies et prédateurs.